Le Monde archives du 08/01/1964
Hary Janos, le hussard qui, un jour, sauve l'impératrice Marie-Louise et ses demoiselles d'honneur, prisonnières à la douane russe, en tirant en territoire hongrois l'isba frontière : qui, à Vienne, guérit l'empereur de ses rhumatismes; à Milan, taille en pièces à lui seul les troupes françaises et fait prisonnier Napoléon ; qui, enfin, refuse l'amour et la main de Marie-Louise (laquelle a répudié ce couard de Napoléon) pour aller vivre dans son village natal avec la petite paysanne qu'il aime !... ... la poésie la plus pure, car Hary Janos incarne l'âme même du peuple hongrois ; l'œuvre passe sans transition de la bouffonnerie la plus débridée à la profonde nostalgie, des rêves tumultueux de ce Tartarin à la vision embrumée d'une Hongrie libre, de la gaieté un peu folle des livres d'enfants à l'émotion d'un tendre sourire à travers les larmes. Et, sur toute cette partition si forte, si libre et imprévue comme un vol d'oiseau, passe le vent frissonnant de la puszta, les couleurs enivrantes du folklore, une bonne odeur de blé et de vin. |
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